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Maurice Herzog
En 1950, l’expédition française dans l’Himalaya dirigée par Maurice Herzog réalise la première ascension de l’Annapurna au Népal qui culmine à 8 078 mètres. C’est la première fois qu’une équipe d’alpinisme atteint un sommet de plus de 8 000 mètres. L’expédition était composée de neuf personnes. Le chef de l’expédition y laissera tous ses orteils et les doigts des deux mains et Louis Lachenal, son coéquipier, plusieurs orteils. Elu député en 1962, Maurice Herzog sera secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports de 1963 à 1966 et homme de confiance du Général de Gaulle.
Maurice Herzog était dans la Résistance française lors de la Seconde Guerre mondiale. A l’instar de Roger Frison-Roche (officier de liaison de la 5e demi-brigade de chasseurs alpins), il défendra la France dans les Alpes. Durant la campagne des Alpes (hiver 1944-1945), il était capitaine de la 2ème compagnie du 27e bataillon de chasseurs alpins, au sein de la 5e demi-brigade de chasseurs alpins.
Maurice Herzog fut le premier à gravir avec Louis Lachenal et une expédition composée de Gaston Rébuffat, Lionel Terray, Marcel Ichac, Jean Couzy, Marcel Schatz, Jacques Oudot (médecin) et Francis de Noyelle (agent de liaison), un sommet de plus de 8 000 mètres, l’Annapurna, le 3 juin 1950. Il eut les orteils et les doigts gelés lors de cette expédition. Un exploit largement popularisé en France par la Une de Paris Match, le film Victoire sur l’Annapurna de Marcel Ichac et le livre Annapurna premier 8000 de Maurice Herzog dans lequel il retrace son ascension.
Ces dernières années, sa réputation de héros a été quelque peu ébranlée par ses anciens coéquipiers et par sa fille, Félicité Herzog. Cette dernière, à travers son livre « Un Héros », évoque les conflits qu’elle a vécus avec son père et certaines controverses liées à ses exploits d’alpiniste. Maurice Herzog s’est éteint le 13 décembre 2012 à Neuilly-sur-Seine, sans avoir répondu à ces polémiques.
Mais ces dernières années, l’image de ce « héros » français n’a cessé de se ternir. Depuis 2000 notamment et le cinquantième anniversaire de l’acsension de l’Annapurna, plusieurs révélations sur Maurice Herzog sont venues réviser le mythe, sans que jamais n’il soit possible d’en vérifier la véracité.
Premier accroc à la légende : Maurice Herzog a été rapidement accusé d’avoir tiré toute la gloire de l’ascension de l’Annapurna. De fait, il est vite devenu un héros national dans une France de l’après-guerre à la recherche d’une nouvelle gloire. En tant que chef de l’expédition de l’Annapurna, il aurait ainsi masqué les exploits de plusieurs de ses camarades, Lionel Terray, Gaston Rébuffat et notamment Louis Lachenal, qui a, comme lui, franchi le sommet himalayen.
Par un vent glacial, sans oxygène ni carte, Herzog paiera sa victoire sur les cimes d’une amputation des doigts et des orteils, Lachenal d’une mutilation des pieds. C’est de cette souffrance que vient la seconde polémique. Maurice Herzog aurait-il forcé les autres membres de l’expédition à aller au bout de l’aventure, malgré les risques que cela présentait pour leurs vies ? Aurai-t-il forcé la main à Louis Lachenal qui en paiera physiquement le prix ? C’est ce qu’a laissé entendre son fils, Jean-Claude Lachenal. En 2000, ce dernier tentait de redonner à son père la postérité qu’il mérite. L’alpiniste a laissé des écrits sur l’ascension de l’Annapurna dans lesquels il raconte que pendant l’expédition, il aurait soulevé la question de l’abandon. Une question à laquelle Maurice Herzog, obsédé par le sommet, aurait répondu par la négative. En bon compagnon de cordée, Louis Lachenal aurait alors décidé de continuer, à ses risques et périls.
Ce n’est qu’en 1996, avec la publication du texte intégral de ses mémoires, que la version de Lachenal sera entièrement dévoilée. Selon l’AFP, « Lachenal, mais aussi Rébuffat, étaient avant tout des professionnels, passionnés par leur métier, et qui supportaient mal l’aspect cocardier de l’expédition. Ceux-ci pensaient ‘montagne’ quand Herzog pensait ‘France' ».
Le dernier coup porté à Maurice Herzog viendra de sa propre fille. En 2012, Félicité Herzog a dressé un portrait peu flatteur de son père dans un « roman ». Ironiquement intitulé « Un héros », celui-ci décrira Herzog comme un homme froid, un menteur et un « hémiplégique de la pensée ». Dans le livre, Félicité Herzog considère que son frère Laurent, schizophrène mort à 34 ans, a subi l’aveuglement de ses parents dans un milieu social « aristocratique » où la maladie n’avait pas sa place. Tout occupé à sa gloire, à la politique et à ses affaires (Herzog a été ministre de de Gaulle, maire de Chamonix, directeur de la société Kléber-Colombes puis de la Société du tunnel du Mont-Blanc), Maurice Herzog aurait ainsi laissé mourir son fils.
Kurt Albert
Kurt Albert, né le 28 janvier 1954 à Nuremberg et décédé le 28 septembre 2010 à Erlangen, était un grimpeur, alpiniste et photographe allemand.
Kurt Albert fait ses débuts comme grimpeur à l’âge de 14 ans1, avec une section de la DAV (Deutscher Alpenverein : Association alpine allemande) dans le Jura franconien (Frankenjura). À cette époque, les techniques d’escalade sont surtout artificielles, des échelles ou des étriers sont utilisées pour la progression. Très rapidement, il s’illustre en réalisant des classiques de l’alpinisme comme l’éperon Walker dans les Grandes Jorasses1 à l’âge de 17 ans ou la face nord de l’Eiger1, un an plus tard.
Initiateur de l’escalade libre
En 1973, lors d’un séjour en Suisse Saxonne, il se rend compte que l’escalade artificielle est dans une impasse et décide de se consacrer à l’escalade libre. C’est-à-dire l’escalade se fera à mains nues et sans autre artifice que des équipements de protection tels que corde, harnais, dégaines…. Après chaque réalisation en libre, il prend pour habitude de marquer la voie réussie d’un point rouge -allemand : Rotpunkt. C’est ainsi qu’il invente le principe du Rotpunkt où on marque d’un cercle rouge les voies où tous les mouvements ont été faits en libre. Par contre, lorsque la voie est enchaînée, on remplit le cercle pour en faire un point rouge, le point rouge indiquant aux autres grimpeurs que cette ascension est possible en libre. Peu à peu, ce point rouge devient synonyme de « ascension libre » en Allemagne, mais aussi en Angleterre (Redpoint en anglais).
En 1987, Kurt Albert introduit son principe d’escalade libre sur les grandes parois des Dolomites. Puis il s’illustre en grandes voies dans les montagnes hors Europe avec des premières comme Eternal Flame aux tours de Trango avec Wolfgang Güllich en 1989. Aux dires des trekkeurs chevronnés, cette voie est considérée comme la plus dure et la plus belle escalade d’altitude qui soit, Riders on the Storm en 1990, Stairway To Heaven en 1993 ou Moby Dick en 1994. Véritable globe-trotter de l’escalade en big walls, il ouvre des voies dans de nombreux endroits du monde : Himalaya, Patagonie, Groenland, ou Venezuela…
Dans les années 2000, il est resté très actif malgré son âge. Il est victime d’une chute de 18 mètres lors d’une via ferrata à Höhenglücksteig près de Hirschbach en Bavière, le 26 septembre 2010 et décède deux jours plus tard.
Il est vu comme l’un des pionniers de l’escalade moderne libre. Il est l’inventeur du terme Rotpunkt, qui deviendra en anglais Redpoint et qui désigne une ascension libre, c’est-à-dire réalisée sans l’aide d’artifices.
Erhard Loretan,
C’est l’homme aux parcours de quatorze 8000, le troisième homme à réussir les quatorze 8000.
En quatorze ans, Erhard Loretan a avalé tous les 14 géants de l’Himalaya. Entre le Nanga Parbat, son premier 8000 et le Kangchenjunga, son quatorzième sommet, Erhard Loretan étreint la montagne à bras le corps et se taillee un destin de héros. De retour au pays, dans un café de Lausanne, il raconte d’un ton rayonnant sa belle aventure sur les quatorze 8.000 de la planète. A croire que ce fut si facile, si léger avec son complice de dix ans, Jean Troillet.
Ses méthodes
Il a fait remarquer que pour monter dans l’extrême, il fallait aller vite. Le corps humain ne récupère pas en haute altitude. Alors il conseillait aux trekkeurs ne pas s’arrêter. En effet, la plupart des accidents graves apparaissait la nuit, alors il préfère grimper sans dormir et se décharger de la tente. Et comme il perdait de l’appétit, il mangeait un Mars par jour. Comme, il trouve que faire fondre de la neige, c’est long : du coup, il ne boit pas. Il part léger, la rapidité est son assurance vie. Il carbure à l’adrénaline, croque en coup de vent le Dhaulagiri au cœur de l’hiver 1985. Un an plus tard en 1986, il fait l’Everest en 43 heures aller-retour par la face nord. Le monde des alpinistes est unanime pour estimer la pureté de son style, ses voies nouvelles et difficiles, son incroyable traversée de l’Annapurna en quatre jours à plus de 7.500 mètres d’altitude en 1985 et qui n’a été jamais répétée à ce jour.
Ce qui l’anime
C’est alpiniste de légende, le grand Reynold Messner-le premier à avoir enchaîné les quatorze 8.000 – salue son exploit qui, pour lui en vaut dix 8000 et l’homme pour être un génie. Son principe, c’est de dessiner son propre chemin sur les géants himalayens, sans l’aide de l’oxygène.
Pour l’essentiel qui l’anime, c’est la magie de la très haute altitude, l’intensité des sensations dans la zone de la mort, l’engagement total. Il connaît les dangers de l’Himalaya et accepte la règle du jeu. Sa passion est sa force. La montagne ? Il l’a dans le sang aussi loin qu’il s’en souvienne.
Ses tourments & cauchemars
C’était en 1986, juste après l’Everest. Il était dans la face sud-ouest du Cho Oyu, avec son ami Pierre-Alain Steiner. A plus de 7.000 mètres d’altitude, après une nuit pénible dans un vent violent, les deux hommes décident au matin de redescendre. Il marchait devant et a vu son ami passer à côté de lui et dévaler près de mille mètres de paroi. Pendant l’heure qu’a duré sa descente vers lui, il a eu peur et espérait qu’il serait mort. Mais il vivait encore. Il a cru que le ciel lui tombait sur la tête ! Steiner avait de multiples fractures ouvertes, était à moitié conscient. Ce n’est que trois jours plus tard que lui et les secours ont pu revenir à ses côtés. Pierre-Alain Steiner vivait toujours, il souffrait terriblement. Et c’est en le redescendant qu’il est mort.
Il a fallu quatre ans à Loretan pour vaincre ses fantômes. Enfin, en 1990, il retourne au Cho Oyu. Pour l’ami disparu, ils tracent une nouvelle voie dans la face sud-ouest du Cho Oyu. Ce fut comme une libération pour lui.
Le 28 avril 2011, au Grünhorn, avec sa compagne Xenia Minder, Erhard Loretan part au petit matin en direction de ce 4000 « réputé facile ». Ils déposent skis et sac à dos au pied de l’arête sud. Mais, iIls n’atteindront jamais le sommet.
Lors de ces derniers jours de montagne, Erhard Loretan portait un bonnet décoré d’une tête de mort. Beaucoup lui ont dit que ça portait malheur, mais il ne voulait pas y croire. Le sort en a décidé autrement. Il lui a fait une faveur : l’amoureux des montagnes est décédé suspendu entre ciel et terre.
Reinhold Messner
L’Italien est le premier à avoir vaincu les 14. Il a réalisé l’ascension des 14 sommets de plus de 8000 mètres existants entre 1970 et 1986. Il a aussi conquis l’Everest en solitaire, sans apport d’oxygène, et s’est illustré au cours de plusieurs expéditions pédestres. Ainsi, en 2004, il a traversé le Désert de Gobi. 2000 km à pied !
C’est une légende de la montagne
Certains le considèrent même comme le meilleur alpiniste de tous les temps. Après avoir été le premier homme à atteindre seul le sommet de l’Everest et à gravir sans oxygène les 14 sommets de plus de 8 000 mètres de la planète, l’Italien Reinhold Messner a choisi de quitter la montagne des hautes altitudes pour effectuer des expéditions pédestres. Il a ainsi traversé le Tibet oriental, l’Antarctique, le Bhoutan, le désert de Gobi et le Groenland.
Sa « troisième vie » Telle qu’il qualifiait de cette nouvelle tranche de sa vie, il l’a dédiée à imaginer et à construire six musées. Passionné d’écologie, il a été élu au Parlement européen de 1999 à 2004 sur la liste des Verts-Alliance libre européenne.
La montagne actuelle vue par Messner
Pour lui, sa génération a été la dernière à avoir la possibilité d’ouvrir de nouvelles voies en montagne. Actuellement, tous les sommets ont été grimpés par tous les versants possibles et imaginables. Il peut y avoir des passages ici ou là qui n’ont pas été empruntés, mais ils se situent à quelques dizaines de mètres de sentiers connus. Certains sommets comme l’Everest sont devenus de véritables destinations touristiques. Son scepticisme va jusqu’à présenter l’ascension de cette formidable et fière montagne comme un vulgaire parcours où le trekkeur n’a plus à affronter les affres des expéditions d’antan. Vous grimpez sur une piste balisée entre deux cordes sur lesquelles vous pouvez vous tenir. Les sherpas ont installé des échelles au-dessus de toutes les crevasses. Il va même jusqu’à défier qu’un chien sera bientôt capable d’aller tout en haut de l’Everest. Selon lui, Jacques Balmat et Michel Gabriel Paccard, les premiers à gravir le Mont-Blanc en 1786, étaient de vrais aventuriers. Les personnes qui montent sur l’Everest aujourd’hui sont, eux, des touristes.
Messner face à la popularisation des montagnes
Son amertume est grande face à la démocratisation de cette conquête des altitudes qui est possible grâce à l’essor du transport aérien. Ce développement a, en effet, permis de se rendre facilement sur toutes les chaînes montagneuses. Pour lui, l’idéal est de se surpasser, vaincre des obstacles immesurables. Tous meilleurs ne cherchent plus à gravir des 8 000 mètres. Ils préfèrent aller sur des montagnes un peu plus petites mais qui cachent des voies très difficiles et techniques. L’objectif d’un aventurier est de rendre possible quelque chose que l’on disait impossible. Cela a été son cas quand, sans oxygène, il a vaincu le sommet de l’Everest, alors que les médecins disaient qu’aucun être humain ne pouvait survivre au-delà de 8 500 mètres d’altitude.
C’est pour cela qu’il s’est lancé dans la réalisation des musées. Les musées étaient la seule manière, selon lui, de partager ses connaissances avec le plus de gens possible.
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